Leçons de Leadership : Les 100 jours d’Obama

Les media du monde entier se penchent sur le bilan des 100 premiers jours d’Obama. C’est la période usuellement reconnue comme significative et prédictive, par projection, de ce que sera le règne d’un dirigeant. On considère aussi que pendant cette période, l’élu bénéficie d’une sorte d’état de grâce qui le place au-delà des contingences immédiates.

Obama n’a pu s’offrir ce luxe. Il a du affronter la réalité en face : la crise bancaire et immobilière, la plongée de la bourse, les faillites des ménages, les quasi-banqueroutes dans l’automobile.

Au final, une contraction économique de la plus grande ampleur depuis la Grande Dépression.

Est-ce tout ?

Ce serait oublier les guerres en Afghanistan et en Irak, où il s’est engagé à retirer les troupes américaines de combat avant août 2010, les tensions avec Cuba, le Venezuela, la Russie ou l’Iran, avec qui il a su relancer le dialogue, sans oublier la nouvelle crise sanitaire de grippe porcine, le plan d’action en faveur des énergies renouvelables ou de l’éducation…

Ces 100 premiers jours sont donc certainement les plus complexes, depuis Franklin Delano Roosevelt, qu’un président américain ait eu à gérer.

Alors, quelles qualités Obama a-t-il mobilisées pour relever ce défi titanesque ?

1. L’éthique

Obama s’est employé à rapidement mettre en oeuvre les premiers actes confirmant qu’il tiendrait les engagements pris lors de sa campagne.

Pour sa cérémonie d’inauguration financée par les sponsors privés, il limite la contribution à 50.000 $ maximum, interdit le soutien des lobbyistes ou de syndicats et publie la liste des donateurs

Le 21 janvier, lendemain de sa prise de fonction, il gèle les salaires de son administration, rétablit le libre accès aux archives présidentielles et instaure le Freedom of Information Act pour la transparence de son administration. Il signe également un train de mesures encadrant le lobbying à Washington

Le 22, il annonce la fermeture de Guantanamo et fait interdire la torture dont Bush avait legitimé l’utilisation.

Par ces actes symboliques et néanmoins essentiels, Obama marque une rupture sur le plan de l’éthique personnelle des dirigeants.

2. L’ouverture

Après des mois de lutte acharnée contre sa rivale Hillary Clinton, Obama lui propose de rejoindre sa campagne, puis son administration.

De même, il garde Robert Gates à la Défense, pour bénéficier de son expertise sur les questions irakiennes et afghanes. Obama ne cache pas son admiration pour Abraham Lincoln et son fameux Team of Rivals. Lincoln qui avait réussi l’incroyable pari de devancer des candidats plus expérimentés que lui, leur offrit de le rejoindre dans son gouvernement.

Obama montre qu’il souhaite faire avancer la paix dans le monde par la voie de la négociation. En témoignent ses réconciliations avec Cuba ou le Venezuela et la reprise de discussions avec la Russie. Loin de la vision hégémonique de Bush, Obama restaure une vision multipolaire du monde.

3. L’énergie

Pour donner une forte impulsion à son mandat et surtout à l’économie américaine, il faut agir vite et avec énergie.

Obama et son équipe ont su se préparer pendant les 75 jours qui précédaient l’inauguration. Le temps d’étudier, de réfléchir, de prendre des avis, d’évaluer les différents scénarios…  avant de prendre les commandes opérationnelles et de foncer dans l’action. Ce modèle est à retenir pour la nomination des dirigeants qui, trop souvent, doivent consommer une part substantielle de leurs 100 premiers jours pour comprendre la situation dont ils héritent.

Dès sa prise de fonction, Obama a su impulser une dynamique exceptionnelle. De nombreux adversaires lui ont reproché de vouloir trop embrasser… et mal étreindre. Les faits n’ont pas joué en leur faveur.

4. La créativité

Sa campagne avait déjà brillé par une remarquable combinaison des outils web 2.0 et de son savoir faire d’organisateur de communautés. Le web au service du terrain. Obama utilise Facebook, YouTube, Twitter sans la moindre hésitation et range au placard l’image conventionnelle du Président “vieux notable hasbeen”.

Aucune barrière mentale entre le président et les jeunes générations. Pour contrer les assauts des paparazzi, Obama rend public l’album photo de sa vie présidentielle sur Flickr.

Face à des contextes et des situations sans précédents, la créativité d’Obama sera l’une de ses armes les plus efficaces. Il n’aura nul besoin de chercher à se rassurer par de vieux schémas bien établis… qui n’auraient eu aucune chance de succès.

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2enlistment…


Trackbacké par 3radiation le 12 janvier 2022 23 h 58 min





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