Difficile de parler changement dans l’entreprise sans entendre immédiatement référence au modèle de Kübler Ross, avec ses cinq étapes à franchir : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation.
Le modèle est clair, étudié, validé, vécu par chacun d’entre nous. Il est devenu familier, au point d’en oublier un élément essentiel. Son domaine d’application !
Elisabeth Kübler-Ross a mis au point son inestimable modèle en accompagnant des malades en fin de vie à qui l’on annonçait leur prochain décès. Son expérience lui a permis de vérifier que son modèle s’appliquait aux changements suscités par d’autres événements catastrophiques (perte d’emploi, décès d’un être cher, autres formes de deuil psychologique). Ce sont tous des changements non-désirés.
Revenons-en à notre sujet d’intérêt, l’entreprise.
Tous les changements intervenant en entreprise sont-ils non désirés ?
Adopter ce modèle comme guide revient à assumer le fait que la direction de projet avancera seule contre vents et marées et finira bien in fine par vaincre les éléments et conduire son navire au port.
Toute l’attention des meneurs de projet se dirige alors vers la maitrise des freins au changement, des obstacles à franchir, des poches de résistance… On entre dans la lutte.
Il est pourtant possible de prendre une route différente.
“L’esprit de l’être humain est ainsi fait qu’il se sent opprimé par toute pression et exalté par toute incitation“ - Tchouang Tseu
Handi-partage, la plateforme de partage d’expérience sur le handicap a été ouverte ce matin. A 9h00 précises.
Si j’insiste sur ce « détail » qu’est l’heure exacte d’ouverture –au jour exact prévu depuis plusieurs mois - , c’est qu’il a son importance dans la dynamique humaine qui s’est créée autour de ce projet.
Environ trente personnes ont collaboré, à un degré ou à un autre au lancement de Handi-partage. Parmi les éléments fédérateurs qui ont permis un bon travail en groupe, la fixation et l’acceptation par tous d’une date butoir ont été importants.
Un projet d’équipe démarre toujours par une première rencontre entre les participants. Trop souvent, les responsables du projet vont droit au but : situation, objectifs, organisation et répartition des tâches, moyens disponibles. Ils pensent ainsi montrer leur détermination et gagner du temps.
Hier, j’étais à la Comédie Française, voir la très agréable pièce La Grande Magie, d’Eduardo de Fillipo, mise en scène par Dan Jemmett. Celui-ci explique comment procède avec ses acteurs.
Le management des projets oscille depuis longtemps entre deux paradigmes. Pour certains -et dans certains domaines, comme l’organisation- c’est une science. Celle-ci dispose d’outils auxquels il faut entraîner le manager de projet. Pour d’autres -et dans d’autres domaines, comme la gestion des hommes-, c’est un art. Le manager de projet mature longuement la maîtrise de son art, et à force d’expérience, trouve son expression personnelle.
Mais il peut y avoir réconciliation. J’étais vendredi dernier à l’inauguration de l’Institut du Management de Projet de Société Générale. J’y étais invité par Alain Lumbroso, la cheville ouvrière de cette création, à qui il faut rendre hommage car la qualité de l’instrument n’égale que la rapidité avec laquelle Alain l’a mis sur pied.
Dans l’Institut du Management de Projet de Société Générale, les compétences techniques et comportementales des managers de projet sont développées en parallèle. Et leurs progrès seront valorisés sous la forme de certifications (PMI ou IPMA : un non-choix qui traduit l’ouverture de la démarche).
Apporter une telle plus-value aux managers de projets ne fait-il pas courir le risque de les voir partir avec leur butin de savoirs. “On prend ce risque répond Séverin Cabannes, DG délégué se Société Générale, car nous créerons un pool de talent et nous disposerons de très grands chefs de projet pour les projets lourds.”
Selon Will Schutz, “Les équipes n’échouent pas parce qu’elles sont en désaccord, ou parce qu’elles n’ont pas de but commun, ou parce que leurs membres ont des approches différentes de la résolution des problèmes, ou encore parce qu’elles n’incluent pas certains types de personnalité.
Elles ne fonctionnent pas parce qu’une ou des personnes sont rigides, et [...]