Ethique et Leadership

Le scandale des bonus des dirigeants d’AIG sauvé de la faillite par le trésor américain provoque de vives réactions outre-atlantique. Pour une fois, le tableau est suffisamment clair et peu discutable. Ces dirigeants ont bel et bien des comportements de voyoux. C’est certainement ce qui exacerbe les prises de position du gouvernement, des journalistes et des leaders d’opinion qui réclament les 165 millions de dollars payés en bonus.

Ces dirigeants qui ont mené leur entreprise à la faillite ont touché des bonus considérables, payés non pas par les fruits de l’activité économique qu’ils auraient généré mais par le contribuable américain.

Tenir de telles positions qui défient à la fois le bon sens et l’opinion publique révèle à quel point le processus de sélection des leaders est dysfonctionnel. Sont placés aux commandes des entreprises des leaders qui se servent et non des leaders qui servent, des leaders victimes d’une hyperdilatation de l’égo. Quand l’intérêt personnel prime, il n’y a pas d’éthique possible.

Alors bien sûr, il faut réguler. Obama proposait en février un plafonnement de rémunération des dirigeants d’entreprises sauvées de la faillite à 500.000 euros. Eux qui étaient plus habitués à naviguer entre cinq et quinze millions de dollars…

We don’t begrudge anybody for achieving success. And we believe that success should be rewarded. But what gets people upset — and rightfully so — are executives being rewarded for failure. Especially when those rewards are subsidized by U.S. taxpayers.”

Mais le débat ne s’arrête pas là tellement il est grotesque. Certains auteurs, comme le célèbre Howard Gardner, gourou de l’intelligence multiple et du leadership éthique, vont jusqu’à fixer les limites de la rémunération des dirigeants y compris en situation vertueuse et profitable.

Je crois qu’aucun américain ne devrait être autorisé à gagner plus de 4 millions de dollars annuels de rémunération (100 fois le salaire moyen d’une famille)

Gardner propose également, dans sa tribune sur le Leadership du Washington Post, de plafonner à 200 millions de dollars ce qu’une personne peut léguer à sa descendance. Le reste étant versé à des oeuvres de charité ou au trésor. “Ce serait un pas, certes petit mais significatif, vers une société plus juste.”


Jack Welsh
, ancien patron de General Electric et reconnu comme l’un des pères du management par la “shareholder value”, est désormais très critique sur cette vision court-termiste :

The idea that shareholder value is a strategy is insane.

It is the product of your combined efforts - from the management to the employees
“.

Les bases d’une gouvernance plus responsable émergent… petit à petit, dans les discours pour l’instant.

Pourtant, il existe d’autres options de management de la valeur. Regardez cette vidéo de CNN sur un restaurateur américain. Il est passé à un modèle de paiement libre. C’est le consommateur qui fixe le prix et définit donc la valeur relative de ce qu’il a consommé par rapport à ses moyens. C’est l’application du modèle donationware déjà existant sur internet.

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1 commentaire

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3subscriber…


Trackbacké par 2supplier le 13 janvier 2022 0 h 05 min





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